Gestion de la douleur chez les athlètes de haut niveau : synthèse ReFORM de la position de consensus du CIO

16/05/2022

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P.M. Tscholl, B. Forthomme, J. Cabri, S. Le Garrec, J.-F. Kaux,   

P. Edouarda, A. Bourgeois, R. Seil, G. Martens

Introduction

La déclaration de consensus du CIO sur la gestion de la douleur chez les athlètes de haut niveau émet des recommandations visant à harmoniser les pratiques et à promouvoir une approche multimodale de cette problématique.

L’utilisation importante d’antalgiques et d’anti-inflammatoires lors de compétitions de haut niveau montre combien la douleur est un aspect important de la vie des sportif.ve.s. Plusieurs sondages auprès des médecins du sport en charge d’athlètes de haut niveau ont montré que ces médicaments ne sont pas uniquement prescrits pour traiter la blessure et diminuer la douleur ressentie, mais également pour poursuivre la pratique sportive, voire même prévenir des douleurs qui pourraient survenir à l’effort.

La bonne gestion de la douleur chez l’athlète de haut niveau reste un champ hautement complexe, nécessitant des notions tant pharmacologiques que cliniques. Une approche multidisciplinaire somatique est nécessaire dans les douleurs chroniques, accompagnée d’une prise en charge biopsychosociale, tout en appliquant les conventions et les règles de bonnes pratiques et de lutte contre le dopage pour maintenir la santé physique et mentale de l’athlète.

Faire le bon diagnostic pour choisir le bon traitement

L’origine de la douleur, son historique, les facteurs impliqués, représentent la base pour la compréhension et le choix du traitement. Une douleur aiguë post-traumatique ne peut pas être comparée à une douleur chronique, ni à une douleur récurrente ou de type surcharge (Tableau I).

L’information douloureuse peut parvenir des tissus endommagés ou d’une inflammation, souvent concomitante en post-traumatique (douleur nociceptive ou inflammatoire), du nerf lui-même (douleur neuropathique lors d’une Stratégies de prise en charge de la douleur. Les options non-pharmacologiques ou non-médicamenteuses sont à envisager en première intention ; elles prennent en compte les facteurs neurobiologiques, psychologiques et cognitifs, contextuels et environnementaux. L’éducation du patient joue un rôle primordial, non seulement pour la compréhension de l’origine multifactorielle de la douleur mais aussi pour optimiser la compliance au traitement. Les différentes modalités thérapeutiques, actives ou passives, s’envisagent de manière individuelle

Monitorer l’efficacité du traitement choisi

L’objectif du traitement vise à ramener l’athlète à son meilleur niveau de performance, sans douleur et en évitant la récidive. Le/la sportif.ve doit comprendre que l’efficacité thérapeutique n’est pas toujours corrélée avec la guérison tissulaire et ne dépend pas uniquement de l’entrée nociceptive. La communication des objectifs et des différentes étapes de la prise en charge ainsi que la responsabilisation de l’athlète dans ce processus restent essentielles pour maintenir sa confiance et sa

Situation particulière

Les parathlètes constituent un groupe particulier dans la prise en charge de la douleur. En effet, ils présentent régulièrement des douleurs fantômes ou localisées sur un moignon, parfois de la spasticité ou encore des douleurs en lien avec leur déficience spécifique. Une approche spécialisée s’avère essentielle pour traiter des douleurs chroniques et/ou neuropathiques dans ce contexte.

Questions éthiques et culturelles

La perception de la douleur ainsi que sa verbalisation peuvent changer en fonction de l’origine de l’athlète, du type de sport pratiqué mais aussi du sexe. Le choix libre et volontaire du/de la sportif.ve de participer à une activité physique « malgré la douleur » ne semble pas toujours évident. Le corps médical se doit d’appliquer le code médical du CIO, insistant sur le fait que « la santé et le bien-être des athlètes sont prioritaires et l’emportent sur les aspects compétitifs, économiques,...