L’instabilité controlatérale du bassin, le valgus du genou et l’hyperpronation du pied sont-ils des signes cliniques fréquemment observé chez les coureurs à pied blessés ?

27/04/2022

Presentation on the Congrèss National de Médicine et traumatologie du sport

Amandine Bodson, Jan Cabri, Roland Krecke, Paul Gette

ABSTRACT

 Le nombre de coureurs augmente considérablement chaque année et, par conséquent, le nombre de blessures de surcharge. De précédentes recherches ont démontré que certains paramètres cinématiques peuvent être liés a ces blessures. Trois paramètres cinématiques peuvent engendrer ces lésions : l’instabilité controlatérale du bassin, le valgus du genou et l’hyperpronation du pied. Objectifs : Identifier si les trois variables cinématiques susmentionnées sont des signes cliniquement pertinents d'une éventuelle blessure. Vérifier si on observe des différences dans la cinématique entre les membres inférieurs. Enfin, analyser s'il existe une corrélation entre la localisation de la lésion et les trois paramètres cinématiques pour les jambes blessées des coureurs.

 Des analyses biomécaniques de la course sur tapis roulant ont été réalisées sur 50 coureurs blessés et 13 coureurs non blessés à l'aide d'un système d’analyse de mouvement tridimensionnel (9 caméras Miqus System, Qualisys AB, Gothenburg, Suède). Sept variables cinématiques, pendant la phase d'appui, ont été comparées entre les coureurs blessés et les coureurs sains tout en contrôlant leur vitesse de course. Afin d'éliminer la redondance et d'augmenter la puissance de notre modèle statistique, seules trois variables sont restées pertinentes : l'angle maximal d'ADD de la hanche, l'angle maximal d'ADD du genou et l'angle maximal d'éversion de l'arrière-pied.

Résultats : La MANCOVA n'a révélé aucune différence significative entre les groupes de coureurs blessés et non blessés(p=0,164)pourlesvariablescontrôlantl’instabilitécontrolatéraledubassin,levalgusdugenouet l’hyperpronation du pied avec la vitesse comme covariable. Cependant, des différences significatives entre les participants masculins et féminins pour le pic d'ADD de la hanche (p=0.006) ont été trouvées. Les femmes démontrent une ADD de hanche plus importante que les hommes (moyenne= 16,9° ; SD 3,8 et 14° ; SD 4,0 respectivement). La vitessedecourseainfluencéplusieursvariablescinématiques,àsavoirl'ADDmaximaledelahanche(p=0,002)et l'éversion maximale de l'arrière-pied (p= < 0,001). Les résultats du test T de l'échantillon apparié ont révélé que les membres inférieurs de la population de coureurs blessés ne présentaient pas de différences significatives en ce qui concerne les angles du pic d'ADD de la hanche (p=0,372), du genou (p=0,343) et du pic d'éversion de l'arrière-pied (p=0,804) lors de la phase d’appui. Quant à l'analyse de régression logistique multiple, la relation entre l'ensemble des variablesetlalocalisationdelablessuren'amontréaucunerelationsignificativepourlepied(p=0,535),la jambe inférieure (p=0,017), le genou (p=0,465) ou la hanche (p=0,109).

Conclusion : Les paramètres cinématiques de l’instabilité controlatérale du bassin, du valgus du genou et de l’hyperpronation du pied sont influencés par le type de population, la vitesse de course et la localisation de la blessure. Une sous-classification de la présentation cinématique de chaque blessure liée à la course à pied pourrait aider les cliniciens dans leur processus de raisonnement clinique et pourrait cibler la stratégie d'intervention.